Je profite de la très belle et très intéressante exposition des Cheveux et des poils au Musée des Arts décoratifs à Paris pour revenir sur cette question de poils.
L’exposition explore à travers plus de 600 œuvres, du XVe siècle à nos jours, les thèmes inhérents principalement à l’histoire de la coiffure. Les métiers et les savoir-faire d’hier et d’aujourd’hui sont mis en avant. Elle aborde également les questions liées à la pilosité faciale et corporelle.
Je profite donc pour faire un petit rappel du travail de compilation sur l’art du rasage que nous avons fait il y a déjà quelques temps. On avait également discuté du rasage à chaud. Et puis d’une histoire un peu « bizarre » de lames de rasoir dans les murs !


Pour ceux et celles que le rasage intéresse, je vous renvois au site de l’association « Les rasophiles » où vous trouverez des mines d’or d’informations sur tout ou presque tous les types de rasoir provenant de passionnés formidables.
L’exposition aborde également les questions de couleur de cheveux, sujet sur lequel il y a énormément de choses à dire. Nous vous proposons aujourd’hui un bref retour sur la coloration capillaire.

Pour se faire, revenons sur un nom qui vous dit peut-être quelque chose : L’Auréale. Il ne s’agit pas d’une erreur d’orthographe, mais du nom qui finira par donner celui du leader mondial de la cosmétique. Ce nom est synonyme d’une histoire industrielle hors du commun, celle du groupe L’Oréal. Devenu leader mondial, l’aventure va démarrer par une série d’innovations dont celle de la première teinture capillaire synthétique. Chimiste français d’origine alsacienne, Eugène Schueller a 26 ans, en 1907, lorsqu’il élabore la première teinture capillaire de synthèse à la demande d’un coiffeur barbier. Il baptise la formule L’Auréale, nom inspiré d’une coiffure de l’époque arborée par les femmes, l’auréole, nom d’une coiffure en vogue dans les années 1900, cette coiffure formant une sorte d’auréole avec des ondulations. En 1909, il crée la Société Française des Teintures Inoffensives » pour cheveux, qui prendra plus tard en 1939 le nom de L’Oréal. C’est à cette date que le siège de notre entreprise s’installe au 14 rue Royale, à Paris. Depuis toujours, le cheveu revêt une symbolique historique et psychologique profonde. Dans toutes les cultures et à toutes les époques, il a véhiculé un sens social, conscient et inconscient, très fort. Se colorer les cheveux est très vite devenu un acte ordinaire. Tout a commencé par l’utilisation de substances naturelles, ou courantes, et on estime que l’origine des colorations végétales date de plusieurs millénaires, en Orient comme en Occident. Égyptiens, Grecs, Hindous, Chinois, Romains… ont largement mis en œuvre des substances végétales et des sels métalliques pour obtenir des colorations nuancées. Certaines continuent d’être d’actualité. Le soleil était également un des moyens courants pour rechercher ce blond tant désiré, comme le blond vénitien. En fait, l’Auréale initialement n’est pas la première coloration capillaire, mais plutôt comme une des premières méthodes de décoloration des cheveux. C’était une technique utilisée dans l’Antiquité, particulièrement par les Romains, pour éclaircir les cheveux. Elle consistait à appliquer un mélange de cendres et de chaux sur les cheveux, puis à les exposer au soleil pour les décolorer. Cette technique a été utilisée pendant des siècles. Sinon, en dehors du blond, la couleur était obtenue par coloration direct à partir de substances très souvent végétales, comme par exemple le henné.
Deux découvertes vont profondément modifier le contexte : l’invention de l’eau oxygénée en 1818 par le chimiste français Louis-Jacques Thenard et son collègue allemand Friedrich Wilhelm Schönbein. Elle sera rapidement utilisée pour éclaircir les cheveux, éliminer les taches et blanchir les dents. Les secondes portent un nom barbare, les « colorants d’oxydation », le plus connu étant la PPD pour para phénylène diamine. Cette une série de substances qui permet de développer la couleur et qui sera découverte par Hoffmann en 1863. Utilisé pour la première fois en 1907 par le chimiste allemand Friedrich Nietzsche , cette invention sera reprise et amélioré par Eugène Schueller. La formule de Schueller a permis de créer des colorations capillaires plus durables et plus stables, plus douces et moins irritantes pour le cuir chevelu et moins problématiques pour le cheveu, ainsi que des nuances plus riches et plus vives. Cette formule a été considérée comme une amélioration importante dans la vie de la coloration capillaire. Elle sera à l’origine de l’industrie de la coloration capillaire telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Les travaux sur la structure du cheveu permettront enfin de faire évoluer le concept vers celui de la coloration permanente. En étudiant la protéine du cheveu, on a découvert qu’il comportait une forte proportion de soufre sous la forme de liaison particulière qu’il est possible d’ouvrir et de refermer à volonté. Cette propriété sera à la base des techniques de coloration permanente, est de mise en forme, frisage et défrisage. Ces travaux ont jeté les bases de la compréhension moderne de la structure de la composition des cheveux.
Depuis la création de la première coloration sans risque, les multiples travaux menés en particulier par le groupe L’Oréal vont faire progresser considérablement la connaissance ainsi que la science capillaire et plus spécifiquement cette famille de produits. Ils vont permettre de faire évoluer en permanence l’offre produit avec des propositions intégrant en permanence le meilleur état de l’art, tant en terme d’efficacité que de sécurité.
Exposition à ne pas rater si vous pouvez.
Laisser un commentaire