Mon attention a été attiré récemment par une communication de Beiersdorf dans laquelle la société explique une action caritative peu banale. Il s’agit d’une préparation cosmétique personnalisée pour une jeune enfant, Charlotte.
Elle a quatre ans et souffre d’une maladie rare appelée EPP – protoporphyrie érythropoïétique. Les personnes touchées par cette maladie sont souvent surnommées « Shadow Jumpers », car elles ne peuvent absolument pas être exposées au soleil. Ils ne sont pas nombreux et donc peu médiatisés. La recherche menée sur la lumière visible à haute énergie a permis de montrer que des pigments spéciaux diffusant la lumière peuvent être ajoutés à la crème solaire cosmétique pour Charlotte. Cela en empêchant la lumière de pénétrer, permet à la jeune fille d’être exposée au soleil pendant une courte période, ce qui lui permet de profiter d’une meilleure qualité de vie. Grâce à la crème solaire cosmétique spécialement développée par NIVEA, cette jeune « Shadow Jumper » apprécie les courts séjours au soleil.
Un film sur ce thème vient d’être proposé :
Au-delà de l’aspect caritatif de cette démarche, celle-ci me rappelle un projet sur lequel j’ai travaillé à plusieurs reprises sans que celui-ci ne puisse aboutir. Il s’agit de ce que nous avions bêtement intitulé : « cosmétique du quatrième âge » ou « Cosmétique de l’EHPAD ». Bêtement parce que nous n’avions pas fait attention aux mots. Difficile de définir ce qu’est la cosmétique du 4ème âge, un obstacle même si la définition de certaines choses n’empêche pas qu’on s’intéresse à elle, n’est-ce pas cette chère « clean beauty » ! Cosmétique de l’EPHAD parce que était un mauvais jeu de mot. L’idée était d’essayer de développer une cosmétique pour les besoins du grand âge, pendant que les choses étaient encore d’ordre cosmétique avant qu’ils ne deviennent pathologiques. Cette idée était née de discussions menées dans le cadre d’autres projets avec les équipes de l’hôpital Saint-Louis, puis à différentes occasions. En effet, l’observation clinique de la peau très âgée des pratiques cosmétiques fait apparaître des spécificités particulières. Sans parler de ces vieilles personnes qui encore coquettes n’arrivent plus à utiliser un mascara ou se « barbouillent » au rouge à lèvres faute de voir comme il faut.
Dans la phase la plus tardive, l’idée avait été d’étudier grâce à des modèles de culture, les manifestations spécifiques de la peau très âgée un peu comme les recherches menées sur la peau atopique et son traitement. Dans une ultime tentative nous avions bien essayé de sensibiliser une association proche des activités de la cosmétique, mais qui nous a délicatement mais fermement fait savoir que ce n’était pas l’object de sa démarche caritative!!! Le combat cessa donc faute de combattant.
Ce projet n’a donc jamais pu voir le jour, peut-être pour des raisons techniques, mais surtout me semble-t-il pour des raisons mercantiles. En effet, aussi paradoxal que cela puisse paraître, le grand âge est une forme de « maladie rare » car si elle concerne beaucoup de monde, peu d’organisations sont prêtes à lui consacrer des moyens suffisants. La raison en est simple, pas de marché, ou plutôt pas de moyens pour les gens de ce marché.
Peut-être que certains travaillent dans ce sens, mais force est de constater qu’ils ne le font pas savoir.
La démarche de Beiersdorf indique qu’il serait possible d’aborder les questions sous un angle assez spécifique pour répondre à des besoins personnalisés. L’industrie cosmétique relèvera-t-elle un jour ce challenge avec autant d’énergie que pour la création de myriades de marques sans intérêt ? Les volontaires ne sont pas nombreux ! A suivre.
Jean Claude LE JOLIFF
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