L’histoire des marques est toujours intéressante à découvrir, même si dans certains cas l’exercice de reconstitution est difficile et relève souvent de l’enquête policière. En effet, nombreuses sont les marques à avoir disparues sans vraiment laisser de traces. Celle de la marque Marie Earle ne fait pas exception. Retour sur cette saga.
Je dois à James Bennett de m’être intéressé a ce sujet. James fait un remarquable travail autour de nombreuses marques, souvent américaines, mais pas exclusivement. Vous pourrez retrouver sur son site quelques exemples. C’est d’ailleurs dans sa mouvance que nous avons complété la saga de Barbara Gould. Ayant retrouvé récemment des informations sur cette marques disparue, enfin le pensait-il, il m’a questionné sur son existence. J’ai donc découvert à cette occasion cette marque qui a opéré en France entre autre pendant plus de 100 ans.
L’histoire de Marie Earle ressemble quelque part à celle de Barbara Gould. On trouve à l’origine une femme née en Irlande en 1852 sous le nom de Janet Juanita Bastable. C’est elle qui après une histoire assez rocambolesque, ponctuée de changement de nom, de mariage et d’autres vicissitudes, va créer la marque Marie Earle. Pour ceux que ça intéresse, vous retrouverez tout le parcours de cette personne, mère et fille dans l’excellente contribution de James Bennett.
Au début du siècle naissant (1900), elle et sa fille vont se lancer dans le domaine de la beauté. Ayant dans leurs proches des médecins, c’est par l’intermédiaire d’une technique naissante, les courants galvaniques, qu’elles se lanceront dans cette aventure sous le nom de Marie Earle. L’origine du nom est inconnue, peut-être la nécessité de changer de nom et d’un rêve de devenir comtesse, « earl » en anglais. Les premiers pas se feront en Angleterre et en 1909, elles établissent un salon de beauté à Pari au 279 rue Saint Honoré, une des bonnes adresses de la capitale. Elle écrit dans son ouvrage ……. Ma fille et moi, nous ne pouvons résister plus longtemps aux sollicitations qui nous sont parvenues des parisiennes, toutes de chics de grâce, et nous ouvrons un institut anglais de beauté pour la culture hygiénique de beauté dans ce Paris adorable et artistique qui, par son influence magnétique, attire dans les savants illustres.
Très vite, leur réputation s’établira et de nombreuses publications, ce schéma montre que son audience a été assez forte jusqu’à la seconde guerre mondiale en France.

On explique également en détail leur démarche comme dans cet extrait de Femina en Janvier 1909 (@retronews) : 1909_05_01_Les_Modes_Retronews
Les traitements esthétiques initiaux consistaient à utiliser les courants électriques et l’électrolyse pour traiter des problèmes comme les poils superflus, taches de naissance, cicatrices etc. Elle avait mis au point une série de technique en s’appuyant sur ces approches déjà connues à la fin XIXème, voir même classifiées. Utilisé par d’autres marques majeures, ces techniques d’électrostimulation redeviendront courantes au XXIème siècle.
Parallèlement, une gamme limitée de cosmétiques était proposé. Comme toujours, on trouve à l’origine une référence scientifique ou médical, la gamme ayant été mise au point par son oncle, spécialiste de la peau, un certain Herbert Bastable, au passé scientifique incertain. Petit à petit la gamme va se développer pour proposer dans le salon parisien des produits comme l’Elixir, la série Perfection avec la crème, l’émulsion de concombres ou le tonique ou un curieux masque à lanières qui fait penser à ces dispositifs lumineux que l’on voit actuellement. Quelques rares produits de maquillage complétaient le tout.
En 1928, Coty prendra le contrôle de Marie Earle, un peu comme le fît Bourjois avec Barbara Gould. La fondatrice de la marque se retirera en Europe où elle mourut en 1935.
La gamme sera complètement revue, plus large et avec des accessoires complémentaires. Le salon parisien déménagera rue de la Paix. Coty profitera de ce rapprochement pour commercialiser un parfum sous le nom de Rallet. Une gamme plus complète de maquillage sera également proposée. Parmi les techniques de cabine, Marie Earle se distinguait en proposant une techniques de caresse de peau (skin stroking) qui s’opposer aux techniques dite de maillets ou gentle tapping. Une technique complète, Aralinn était proposée. Son intérêt vis à vis des tapotements sera confirmé bien longtemps après. Des modifications de la gamme et des produits seront introduites suite au Food, Drug and Cosmetics act, en 1938 proscrivant certains termes, déclassant une partie de discours promotionnel.
La seconde guerre mondiale verra la fin des activités en France, alors qu’elles continueront aux USA. De nouveaux produits seront lancés.
En 1954, Coty décide de combiner Marie Earle, Lily Daché et Lucien Lelong dans une nouvelle société, General Beauty Products Inc. Lily Daché, une styliste, en deviendra la présidente. C’est à cette époque que la marque a été une des premières marques à introduire un produit particulier aux États-Unis, une crème à le Gellée Royale, Queen Bee cream, suivi d’autres produits.
A la fin des années 50, Coty compensant à avoir de sérieux problèmes de rentabilité, l’ensemble de marques sera vendue à Mary Chess en 1960. Coty sera revendu en 1963 au groupe Pfizer. La marque Marie Earle passera ensuite entre les mains de différents propriétaires, comme Nestlé Lemur, ou Hichens Cpy avant de disparaitre.
Elle vient de réapparaître en France avec une gamme de neurocosmétiques.
Bonne lecture.
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