Le rôle de la Cosmétothèque n’est pas de faire de la prospective. Mais elle a également la faculté de pointer l’émergence de faits nouveaux ou de tendances qui pourraient marquer le temps et auxquels on pourrait faire référence en fonction de l’évolution de ces questions. Parlons donc un peu d’un des thèmes du moment : le méta et en particulier du métavers au travers de techniques qui peuvent nous concerner, l’haptique. Méta-sensorialité : L’association de ces 2 mots représente peut-être une des tendances futures de nos métiers.
De quoi s’agit-il ?
Le méta est un préfixe qui provient du grec μετά (meta) (après, au-delà de, avec). Il exprime tout à la fois la réflexion, le changement, la succession, le fait d’aller au-delà, à côté de, entre ou avec. Ce nom fait l’actualité avec l’émergence de ce que l’on appelle le métavers, contraction de méta et univers. C’est un monde virtuel. Certains pensent qu’il s’agit d’une évolution incontournable du monde du numérique et de l’internet en particulier. Facebook a été rebaptisé « méta » dans cet esprit.
Comment ne pas imaginer que les formulateurs vont se précipiter sur cette idée ! La formulation n’est-elle pas déjà un univers virtuel?
La sensorialité quant à elle est également au centre de l’actualité. Tout d’abord parce qu’il s’agit d’une dimension universelle et qu’il est facile de s’en revendiquer. Ensuite parce que l’actualité a voulu que le prix Nobel de physiologie de 2021 a été attribué à un groupe de chercheurs ayant travaillé sur ce processus.
Il n’en fallait pas plus pour le rapprochement soit tentant.
Dans cette galaxie un peu compliquée, d’autres faits nouveaux permettent d’échafauder des stratégies dont l’avenir nous dira si elles sont pertinentes. Il s’agit en particulier des techniques de l’haptique. Ce mot, du grec ἅπτομαι (haptomai) signifie « je touche », désigne la discipline qui explore et exploite le sens du toucher et les phénomènes kinesthésiques, c’est-à-dire la perception du corps dans l’environnement. Ces techniques ne sont pas nouvelles, mais on en entend peu parler. Pourtant, des avancées sont régulièrement proposer dans ce domaine, comme les gants haptiques. Les gants haptiques fournissent une sensation de toucher des formes et des textures dans des applications de réalité virtuelles. Ils peuvent permettre de déterminer des paramètres tels que la rigidité, la résistance et la force d’impact.
Lors du dernier Cosmetic 360, une réalisation de ce genre a été proposé : le Touchy finger. Une bague équipée de capteurs qui permet de digitaliser l’aspect sensoriel d’une matière, faciliter le choix du packaging ou encore l’efficacité sensoriel du produit et ses modalités d’application.
Une récente émission dans la série « La méthode scientifique » a traité de ces questions. Elle abordait par exemple des questions comme : Comment rendre l’illusion d’une sensation de toucher dans la réalité virtuelle ? La dernière annonce en date pour ce type de technologie : le gant haptique du groupe Meta, ex Facebook, qui devrait permettre de toucher, de soupeser, en un mot de sentir les objets présents dans des espaces virtuels comme le métavers. Le toucher virtuel a porté de doigt !!!!
Enfin, l’intéressant ouvrage publié par la Cosmetic Valley sous la direction de Michel Grisel tentait également de faire le point sur la notion d’ingrédients sensoriels. Ce même chercheur a été primé récemment pour la mise au point d’un modèle de peau synthétique aux propriétés très proches de la peau humaine.
Il n’en fallait pas plus pour que quelques têtes malades comme la mienne imaginent que tout ça pourrait aller ensemble. Toutefois, certains écueils existent encore. C’est ainsi qu’il ne faut pas confondre la sensorialité de la peau avec la notion de peau sensible. La notion de peau sensible renvoie à un état particulier de la peau, conduisant à une plainte cosmétique décrite comme « peau sensible ». Si l’origine a longtemps été ignoré, elle a été décrite dans le courant des années 90. Il est maintenant communément admis qu’il s’agit d’un phénomène multifactoriel, complexe, principalement d’origine neurogène. Cette notion est souvent confondue avec la notion de sensorialité. La sensorialité de la peau désigne l’ensemble des processus de perception tactile. Cette dimension fait l’objet de nombreux travaux, et dans le monde de la cosmétique, a été abordé traditionnellement sous l’angle de l’analyse sensorielle. Cette technique permet d’investiguer différentes dimensions relatives au sens. Nous en avons parlé à plusieurs reprises. Ces techniques ont été particulièrement développées dans le monde de la cosmétique dans les années 90. Après cet engouement, l’intérêt est partiellement retombé, les unités d’analyse sensorielle se faisant plus rares. Des avancées récentes dans le monde de l’haptique permettraient selon certains experts de s’intéresser de nouveau à ces techniques. Le Touchy Finger primé par la Cosmetic valley va dans ce sens. Lors d’une récente réunion organisée par la Société Française de Cosmétologie (SFC), ces questions ont été discuté avec l’aide d’experts de la question. Mais on continue régulièrement de voir des confusions entre ces deux notions.
La Cosmétothèque se devait de signaler ces questions qui feront peut-être l’actualité de demain. Il sera ainsi plus facile de dater les choses et d’en mesurer les progrès. À un moment où l’actualité pointe sur ces questions, il me semble intéressant d’engager tous ceux qui sont concernés de refaire un point sur ces différentes notions qui ouvrent des perspectives de nouveau particulièrement intéressantes sur cette question.
Pardonnez cet excès de créativité, mais c’est bien plus tentant que de faire la chasse au naturel !!!
Merci d’avoir pris le temps de lire tout ça.
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