La question de la beauté de l’intérieur n’est pas sur le point de se calmer, même si la progression du consensus n’avance pas beaucoup. La nutricosmétique reste pour le moment une sorte de curiosité à la recherche de la recette miraculeuse.
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Dans ce domaine, une chose étonnante est souvent oubliée. Elle concerne l’idée que l’on peut se parfumer en avalant des décoctions spécialement conçues dans ce sens. C’est ce que nous a rappelé une remarquable exposition qui s’est tenue au Musée CERNUSCHI à Paris, sur le thème : Parfums de Chine ou la culture de l’encens au temps des Empereurs.
Cette exposition proposait un voyage à travers la civilisation chinoise depuis le IIIe siècle avant notre ère jusqu’au XIXe siècle. Le parfum permet également d’aborder de nombreux aspects de la culture chinoise. Depuis sa signification dans les pratiques rituelles jusqu’à son association à l’art de vivre des lettrés, l’encens a suscité une richesse de productions artistiques et littéraires. L’exposition présentait en particulier un ensemble de peintures signées de grands noms, mettant en scène belles dames, ermites et lettrés dans leur rapport à l’encens, qu’il soit associé à la toilette, à la méditation ou au rituel
Au fil du parcours, des expériences olfactives étaient proposées aux visiteurs. On pouvait ainsi découvrir des recettes anciennes d’encens datant des grandes périodes de l’histoire de la Chine jusqu’au XIXe siècle. Le parfumeur de la maison Dior Parfums, François Demachy a réinterprété des parfums à partir des formules chinoises anciennes traduites et sélectionnées par le conseiller scientifique de l’exposition Frédéric Obringer (CNRS). Celui-ci lors d’une conférence est revenu assez longuement sur une des particularités de ces approches, le parfum à avaler !!!!
Les propriétés magiques attribuées aux parfums étaient telles qu’il fallait se transformer soi-même en parfum, afin que les organes internes, le sang, la salive elle-même embaument. Préparé à partir de formulations spécifiques associant rhizome, graine, racine, plante entière, etc. la prescription était :
- Après le repas prendre 3 fois par jour, avec une boisson, une cuillérée d’un pouce carré.
- Au bout de chaque jour la bouche est parfumée :
- Au bout de 10 jours le corps est parfumé :
- Au bout de 20 jours, la chair et parfumée,
- Au bout de 30 jours, les jours sont parfumés,
- Au bout de 50 jours on perçoit de loin le parfum :
- Au bout de 60 jours le parfum passe au travers les vêtements.
D’autres anecdotes accompagnent ces pratiques qui semblent avoir connues une réelle utilisation. L‘histoire dit aussi que Napoléon buvait les parfums qu’il portait !
On peut imaginer les cris d’orfraies que les toxicologues pousseraient si ces pratiques revenaient : avaler de l’encens ! Plusieurs marques, souvent d’origine asiatique, se sont déjà intéressées à cette approche avec plus ou moins de succès : Pillbox avec Kaöru, Swallowable Parfum de Lucy Mac Rae, ou encore Alpi Deo Perfume Candy Rose qui est fabriqué par un confiseur bulgare, Alpi et qui s’inspire d’essais menés au Japon.
Née il y a plusieurs siècles, ce nouveau mode de consommation sera-t-il revisité au travers de technologies modernes et récentes comme celle proposée par OOHO qui prépare des sortes de bulles comestibles et qui ferait que cette pratique pourrait connaître de nouveau un intérêt particulier. Une Start up ne s’est-elle pas créée récemment sur cette idée de se parfumer autrement. Si les bijoux sont privilégiés pour le moment pourquoi ne pas revenir à ces pratiques.
Bienvenue à la cosméto-confiserie
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