Cette couleur fait actuellement l’actualité et du coup fait beaucoup parler d’elle. Alors que l’on nous annonce une grave pénurie de pigment bleu, le monde de la beauté s’intéresse également à cette nuance.
Pour écouter cet épisode :
Petit rappel, il y a une logique de la peau bleue. Elle remonte à il y a très longtemps et probablement associée à une pratique guerrière. La légende voudrait que l’expression « avoir une trouille bleue » ait comme origine une pratique qui conduisait les gaulois à s’enduire le corps avec des végétaux qui en s’oxydant se transformaient en bleu. Fondant sur les légions romaines dans cette posture, les pauvres soldats romains en auraient ressenti une peur terrible : la peur bleue ! Certains auront peut-être reconnu Mel Gibson dans la peau de Bravehart teinté en bleu. Le végétal est connu, il s’agit d’Isatis tinctoria, plus connu sous le nom de Pastel des Teinturiers. Cette plante fera d’ailleurs la gloire et la richesse du Pays de Cocagne, celui ou on fabriquait des cocagnes à partir des feuilles de pastel pour en extraire un colorant bleu fort prisé. Cette pratique vient d’ailleurs d’être reconnu, le pastel étant inscrit au patrimoine culturel français. Une huile extraite de ce pastel a été utilisé pour faire de la cosmétique.
Plus tardivement la peau bleue continuera d’occuper les esprits avec des personnages mythiques comme les schtroumfs, nés en 1958. Mais aussi et encore avec le film de James Cameron, Avatar en 2009 ou l’héroïne, Neytiri, présente une très belle peau bleue qui rajoute à sa beauté.
Coté physiologie, il y a un syndrome de la peau bleue. La peau bleue provient des manifestations de l’argyrisme, une affection provoquée par l’ingestion excessive d’argent, sous forme de poussières d’argent métal ou de composés d’argent et qui donne à la peau une coloration bleutée. L’argyrisme survient chez les personnes qui mangent, respirent ou boivent des sels d’argent, généralement durant une longue période. Des cas récents viennent d’être décrits.
Coté ingrédient, plusieurs bleus ont occupé le terrain.
Ne revenons pas sur le bleu égyptien, le plus ancien pigment formulé connu à ce jour. Plusieurs pigments bleus sont utilisables en cosmétique en respectant les règles de formulation : les outre-mer, le bleu de Prusse connu également sous le nom de bleu de Berlin, le bleu de cobalt, peu ou pas utilisé, ou encore les phtalocyanines. Un colorant bleu est également largement utilisé car autorisé.
Le bleu de méthylène, très vieux remède pour toute une série d’affections, mais également utilisé dans d’autres usages. On nous l’a présenté il y a quelques temps comme un possible principe actif antiâge. Nous vous avions alerté sur ce sujet. Plus récemment comme filtre UV. Les spécialistes nantaises du solaire ont rapporté tout cela dans un très bon billet où figure de très nombreuses utilisations passées ou présentes. L’utilisation de cette substance comme protecteur solaire est fortement remise en cause.
Un fabricant d’ingrédient vient de présenter très récemment une matière colorante bleue la phycocyanine, obtenue à partir de la spiruline, ces algues bleues dont on parle tant. Son utilisation est rendue possible par le fait que son activité antioxydante a été démontré par ailleurs. Il conviendrait donc de l’utiliser à des concentrations compatibles avec cet usage, c’est à dire très faible, plutôt que comme pigments dont les concentrations seraient nettement supérieures. Mais les pratiques actuelles peuvent permettre de douter de cela.
Un nouveau pigment a également été présenté il y a un moment. Baptisé YInMn, il a été mis au point, semble-t-il un peu par hasard. Issu d’une démarche de sérendipité comme souvent pour les pigments, cette nouvelle nuance d’une exceptionnelle tonalité devra tout d’abord recevoir la bénédiction des autorités avant de rentrer dans la composition de certains produits.
Voilà. La vie sera-t-elle en bleue ? Avatar se passe en 2154 ! Tout proche si les thuriféraires du transhumanisme ont raison. Sinon !!!!
Bonne lecture ou bonne écoute, ou les 2.
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