L’industrie cosmétique bruisse depuis un moment de l’idée qu’une nouvelle cosmétique se ferait jour : la cosmétique solide et par extension les produits sans eau. Tout le monde y va de son superlatif pour décrire ce mouvement. Mais, la cosmétique solide est-elle si nouvelle que ça ? Évidemment non, on pourrait même affirmer sans trop de risque de se tromper que c’est la plus ancienne.
Pour montrer à quel point nos anciens étaient doués d’une incroyable créativité, nous nous sommes amusés à la Cosmétothèque à rechercher quelques bijoux de cette cosmétique « nouvelle ». Ces produits ont été choisis parmi une liste non exhaustive dont chacun des produits aurait pu faire l’objet de cette remonté dans le temps. Tous ces produits n’étaient pas mieux que ceux de maintenant, c’est juste pour pointer sur l’idée que ce n’est pas si nouveau que ça et que du coup l’objectif n’est pas de faire ou simplement de refaire, mais de faire mieux !
Voilà quelques exemples de cette technologie que l’on nous présente comme la dernière évolution de la cosmétique. Il existe bien d’autres exemples, nous avons choisis ceux-ci un peu arbitrairement. On aurait pu aussi développer par exemple des technologies de lyophilisation qui ont vu leur succès pendant un certain temps. Vous trouverez ci-joint une liste de produits anciens répondant parfaitement a cette définition.Produits typiques
Donc dans ce document, La Cosmetique solide et sans eau,. Vous y trouverez la description de certains de ces produits mythiques.
On voit bien que ce n’est pas nouveau, et comme la traçabilité des savoirs-faire n’est pas un exercice dans lequel l’industrie cosmétique excelle, tout ou presque est à réinventer. En effet de nombreuses choses sont nouvelles, ne serait-ce que le contexte réglementaire. La formulation à sec et/où la suppression de l’eau dans les formules a par exemple une conséquence immédiate qui est d’augmenter les concentrations relatives de presque tous les ingrédients, adressant du coup des problématiques d’innocuité sensiblement différentes. Il en va de même aussi de certaines activités cosmétodynamiques. Les taux de pénétration ou d’imprégnation risquent de ne pas être les mêmes avec ou sans eau. Enfin, si les logiques de formulation sont quelquefois assez simples, les technologies d’obtention, et en particulier de formage sont souvent assez compliquées.
Pour finir, je suis surpris que l’on envisage sans soucis la suppression de l’eau. Si c’est pertinent sur certains produits, bien évidemment pas pour ceux où il n’y en a pas, mais dans un élan généreux on se dit que ce serait faisable ! c’est surtout que l’on ne se pose pas ou peu la question de savoir pourquoi il y a de l’eau dans les cosmétiques. L’argument classique est de dire que ce serait pour des questions de coût. Ce n’est bien évidemment pas le cas, et c’est bien plus complexe que ça. N’oublions pas que la cosmétique c’est avant tout du plaisir, que le plaisir va de pair avec le toucher, et que l’ingrédient le plus important en terme de toucher et donc de plaisir dans les produits cosmétiques, c’est l’eau !!!!
Côté positif, ça fait bouger les lignes dans le monde du packaging, un peu comme la contribution de l’airless qui est incontestablement un facteur de progrès. Il y a quelques autres aspects qui mériteraient d’être discuté comme la conservation des produits, ou leur protection microbienne, en particulier dans ce que l’on appelle les « conditions raisonnablement prévisibles d’emploi ».
Et puis il y a des nouveaux ingrédients qui valent la peine d’être testé dans ces conditions, les huiles volatiles par exemple, ou d’autres qui sont remis en cause et qu’il faut remplacer. Donc du pain sur la planche pour notre grand plaisir puisque cela nous conduit à revisiter quelques standards.
Mais de grâce, cessons de tout présenter comme des innovations de rupture alors qu’il ne s’agit que de s’inscrire dans le présent. Et si ça au moins c’est bien fait, ce sera déjà ça et c’est tant mieux.
Il y a du boulot et comme le disait Voltaire, la pièce est finie, il n’y a plus qu’à l’écrire !
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