L’industrie cosmétique bruisse de toutes parts de questions autour du bien-être et de l’agrément de l’usage des cosmétiques. Et c’est très bien, d’autant que c’est vrai. Je ne me rappelle d’ailleurs pas avoir vu des cosmétiques développés exprès pour faire du mal, à l’exception peut-être du Dermaroller et encore sa finalité est d’améliorer les choses.
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Ces questions sont d’un intérêt certain et tout ceci est en fait fortement associer à une série de questions que l’on peut globalement résumer par le thème de Neurocosmétique. Cette classe de produits cosmétiques n’est pas très nouvelle. Elle vient de progrès significatifs dans la compréhension de la physiologie cutanée réalisés au début des années 90 en particulier dans le cadre de la recherche autour du concept de peau sensible.
Cette question de la peau sensible est d’ailleurs de nouveau au centre de pas mal de sujets de discussion. Une récente visioconférence organisée par la Société française de cosmétologie dans le cadre des jeudis de la SFC avait ce thème comme sujet. C’est une question sur laquelle la Cosmétothèque a déjà publié un certain nombre de contributions en refaisant le point sur l’apparition de cette approche qui concerne la question de la peau sensible. Mais également à propos de ce que nous avions appelé la cosmétique joyeuse, c’est-à-dire une approche dans laquelle l’intermédiation d’un cosmétique via le système nerveux cutanée est mise en cause. On a découvert des noms que l’on ne connaissait pas ou dont on ne pensait pas qu’ils pourraient faire partie de notre arsenal : substance P, CGRP, neuropeptide Y, enképhalines, endorphines, SNIEC pour Système neuro-immuno-endocrino- cutané. Plus tard PAR 2, PAR4, les TRP, V-A-M V etc. Ces différentes questions ont été le début de cette catégorie que l’on a donc appelé les Neurocosmétiques. Nous étions à la fin des années 90 et du siècle naissant.
Mais assez rapidement ce concept va être substitué par d’autres approches un peu plus sociétales : bio, naturel, puis plus tard slow cosmétique et pour finir près de nous clean et vegan. Sur le plan technique, les cellules souches avaient pris le relais. Pourtant il y avait là des avancées intéressantes autour de l’innervation de la peau et des neuromédiateurs. Des produits ont existé, tant sur le plan des actifs que de produits finis. L’un d’entre fut le fameux Hydrazen proposé par le groupe L’Oréal dans les années 90, ou la gamme ODELYS par le groupe LVMH à la même époque.
Au milieu des années 2010, les questions autour de l’innervation cutanée sont revenues avec ces questions de la relation entre nerfs et cellules compétentes de la peau. Avec des propositions assez intéressantes mais confusantes car quelques fois à l’opposé les unes des autres. La tendance a fait long feu.


Mais voilà que ces questions reviennent sur le devant de la scène. Apparemment si ce n’est pas tout à fait pareil, il s’agit quand même de la même chose ! La tendance actuelle s’oriente plutôt vers cette idée de produits associés au plaisir et au bonheur à l’utilisation de produits cosmétiques dans leur ensemble. Les dernières journées Jean-Paul MARTY traitaient de ces questions. Un ouvrage coordonné par Patrice BELLON, qui a acquis une expertise importante dans ce domaine, est en préparation. Un workshop dans le cadre du In Cosmetic de Londres animé par notre ami Karl Lintner, s’est tenu sur cette question.
La pandémie, avec la profusion de communications sous forme digitales, a multiplié les éléments sur ce thème via des webimar plus ou moins sérieux. Mais ce fut aussi l’occasion dans certains cas de voir à quel point les choses ont été oubliées, comme par exemple le développement de spécialités pour les peaux sensibles ne reprenant pas les dispositions règlementaires existantes comme les recommandations de l’ARPP. Car il y a un cadre assez spécifique autour des peaux sensibles et pour en avoir discuté avec quelques intervenants de ses communications, ceci semblait apparemment l’ignorer ! Comme le faisait remarquer récemment Laurent MISERY, dermatologue spécialiste de ces questions, on a à la fois trop parler des peaux sensibles puis pas assez.
C’est donc de nouveau une question d’actualité. Pour éviter l’exercice courant qui consiste à présenter les choses comme étant une révolution copernicienne alors que ce n’est pas le cas, nous vous joignons ces liens au cas où par impossible vous ayez envie de parcourir de nouveau ces questions.
Il ne s’agit pas de dire que c’était mieux avant, mais simplement que c’était !
Bonne lecture, ou bonne écoute, ou les 2.
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