Il est toujours un peu difficile de segmenter les événements, mais il y a des périodes où les basculements sont plus significatifs que d’autres. La compréhension de ce mécanisme est souvent important pour comprendre les choses. Marguerite Yourcenar disait : « un regard sur le passé même lointain peut permettre de comprendre mieux les problèmes du moment ».
Pour écouter cet épisode
La naissance de la cosmétique contemporaine se situe après la première guerre mondiale. Elle doit beaucoup à l’après Grande guerre et à cette période particulière qui fait suite au premier conflit mondial. Plusieurs produits seront issus des technologies du moment, comme par exemple le vernis à ongles qui tel qu’il est aujourd’hui, descends directement des vernis cellulosiques développer avec le stock inimaginable d’explosifs à base de nitrocellulose qui avait été accumulés. Surfant sur l’émergence de l’industrie automobile et des besoins considérables de peinture, il va envahir le monde pour venir jusqu’à nous presque comme il y était entré.
Le « Beauty micrometer » ou calibrateur de beauté de Max Factor aboutira de nombreuses décennies plus tard à l’analyse morphométrique et les logiciels d’analyse d’image du visage d’aujourd’hui.

Nous sommes entrés dans une période qui maintenant est centenaire par rapport à ce moment. Je suis de ceux qui pensent qu’il est important de savoir ce qu’il s’est passé à ce moment-là pour comprendre notre période et peut-être celle qui va s’ouvrir. Une superbe émission comme toujours de la série Concordance des temps revient sur les années folles en France, ses égéries et ses modes. En suivant ce lien vous pourrez si vous prenez le temps d’écouter le podcast qui lui fait référence.
https://www.franceculture.fr/emissions/concordance-des-temps/apres-lepreuve-les-annees-folles
Mais à croire que tout le monde s’est donné le mot, puisque dans un autre contexte, on nous parle également des années folles. http://www.slate.fr/story/206729/monde-apres-covid-nouvelles-annees-folles.
À cette époque, les avancées les plus spectaculaire se feront autour de phénomènes socio-économiques. Les avancées technologiques se sont passées quelques décennies avant, les nouveaux ingrédients viendront plus tard. Une part très importante des mouvements sociaux économiques qui vont stimuler l’industrie cosmétique naîtront aux États-Unis. C’est le cas du mouvement des flappers. Il donnera une impulsion formidable, conduira à des changements structurels fondamentaux, comme le droit de vote des femmes qui ne viendra en Europe que beaucoup plus tardivement. Associé à des changements importants, les usages attitudes vont changer : on se coupe les cheveux, on raccourcit les robes, le cinéma arrive avec son cortège de « movie star arrive. Ça ne se passe as en Europe. Il permettra également l’émergence de ces grandes dames de la beauté, qui comme Helena Rubinstein ou Elizabeth Arden vont stimuler fortement nos métiers et les marquer durablement. Il existe de nombreux exemples comme de Barbara Gould. Le visionnage de cette vidéo des Mardis de l’Innovation explique clairement ce phénomène :
Enfin, un mode de comportement fondamental apparaîtra qui sera également un support essentiel de l’industrie cosmétique : la naissance du bronzage. Il n’est pas associé à une découverte scientifique fondamentale, mais bel et bien issu des habitudes de comportement différent. Longtemps associé à quelques leaders d’opinion, ou au phénomène des congés payés, il trouve en fait ses racines beaucoup plus prématurément. La lecture du remarquable livre de Pascal Ory vous en convaincra peut-être.
Les ingrédients vedette de cette période sont presque tous regardé négativement maintenant et pourtant. Utilisés largement et vendus à des millions d’unités les huiles minérales, vaseline, acides gras, esters d’acide gras et alcools gras, glycérine, filtres chimiques et autres ont fait pour une grande partie des succès colossaux. Certains produits sont encore existants, vendus par milliers comme par exemple dans une petite boite bleue !!! A-t-on vraiment fait mieux ? On nous dit que l’on fait plus sûr et plus responsables maintenant, comme si ceux d’alors faisaient exprès mal et dangereux ! Le concert de louanges qui accompagne actuellement les démarches du moment ne conduit finalement qu’à refaire à peu près la même chose autrement peut questionner. Sans parler du retour à quelque chose que l’on nous présente comme étant une révolution, mais qui n’est qu’un renouveau : la cosmétique solide et sans eau. Et enfin cette myriade de référentiels que l’on s’impose et qui ont tous en commun d’interdire ceci ou d’interdire cela, sans proposer de solution de remplacement.
Pour découvrir ou redécouvrir cette formidable période où beaucoup de choses propres à nos métiers sont apparues, je vous invite à écouter ou à lire les différents éléments qui sont joint à ce billet d’humeur. Je serai probablement catalogué de rétrograde passéiste ou de vieux machin, mais ce n’est pas grave. Surtout si quelques-uns reprennent le flambeau et continuent d’essayer de faire mieux et pas simplement pareil autrement, ce qui est une tendance qui se dessine mais encore trop timidement. On ne progresse pas en construisant sur des ruines et ce n’est pas en prétendant « démystifier » ce qui se faisait avant ou en oubliant les avancées d’avant que l’on innove.
Une formidable période s’ouvre devant nous à la suite de cette crise majeure. Toutes les crises ont généré des innovations radicales, ont fait progresser les choses, mais pas simplement en proposant de nouveaux référentiels restreignant certains usages ou certaines pratiques.
Bonne continuation
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