Ce Podcast va assez probablement en interpeller certains car il a pour thème un sujet un peu particulier. Ce sujet m’avait d’ailleurs valu quelques remarques désagréables lorsque j’avais une première fois eu l’idée de me pencher sur cette questionIl s’agit de la peau imprimée.
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Quand on parle de nos jours de peau imprimée, on fait référence à toutes une série de techniques d’ingénierie tissulaire qui permettent de travailler ce tissu un peu particulier qu’est la peau. Il s’agit de faire « pousser » de la peau pour lui donner des fonctionnalités particulières, soit thérapeutique comme le traitement des grands brulés, soit de recherche. Ceci se fait avec des cellules de différents type que l’on injecte dans des matrices spécifiques pour former des peaux ayant certaines spécificités particulières. Ces techniques utilisent de plus en plus souvent des imprimantes 3D, ce qui a donné le terme de « peau imprimée ». Elles ont fait l’objet d’une médiatisation telle que beaucoup de gens sont maintenant au courant. Ces questions sont toujours d’actualité. Une chercheuse de L’Oréal vient d’être primée au congrès de l’IFSCC de Yokohama pour avoir reconstitué une peau vascularisée, ce qui est un véritable exploit. Dans sa toute nouvelle actualité, les Jeudis de la SFC, c’est cette question qui a été discuté. Les applications continuent, et Walid Rachidi que j’ai côtoyé dans le cadre du projet Cosmethic’s à Grenoble travaille sur ce sujet et est arrivé à des application étonnantes.
Mais la chose étonnante dans le cas qui nous intéresse, concerne l’utilisation de la peau humaine pour d’autres raisons. Il s’agit d’une pratique très ancienne qui s’appelle la bibliopégie anthropodermique.
Dans un travail fait il y a quelques temps, je m’étais déjà intéressée à cette question. Vous pourrez retrouver les éléments dans la contribution correspondante sur les pages de la Cosmétothèque. Le titre en était déjà la peau imprimée. Ce qui avait attiré mon attention c’est que dans le nom de cette technique figure le mot « dermique ». Je m’étais dit ça doit avoir à voir avec la peau. De fait, j’avais trouvé pas mal de choses.
Quelle n’a pas été ma surprise de voir que quelqu’un avait eu la même idée saugrenue de s’intéresser à cette question. Car effectivement, ça existe ou plutôt ça a existé. Futura Sciences a récemment porté de l’intérêt à ce sujet dans sa rubrique Cabinet de Curiosités. La journaliste de FUTURA Sciences, Emma Hollen, fait intervenir une chercheuse en anthropologie Jennifer Kerner, docteure en archéologie préhistorique et funéraire.
Après confirmé cette pratique, la chercheuse nous apprend dans son interview que les techniques de tannage qui étaient utilisées pour traiter la peau humaine ne sont pas vraiment différentes de celles classiquement utilisées pour obtenir du cuir. Que la peau humaine était utilisée au même titre que d’autres matériaux rares comme par exemple la soie ou des matériaux nobles. Que ces livres étaient devenus des accessoires de mode. Qu’il s’agissait toutefois de pratiques rares : la chercheuse a identifié moins de 140 ouvrages sur un siècle et demi. Cette technique a cessé d’être utilisé à la fin du XIXème siècle.
Certains trouveront ces pratiques un peu macabres ou encore empreintes d’un symbolisme qui n’a pas plus court. Si effectivement on trouve des histoires de meurtriers ou de bandits célèbres pour lesquels on reliait le compte rendu de leurs procès avec leur peau, bien d’autres ont eux aussi habillé les pages de leurs confessions, de leurs tribulations, ou même d’œuvres médicales ou littéraires. Elle nous raconte l’histoire de Camille Flammarion, célèbre astronome dont l’ouvrage « les Terres du Ciel » aurait été relié avec la peau des épaules d’une admiratrice décédée prématurément. Il y a bien d’autres histoires.
Selon cet article, ces pratiques n’ont plus court, toutefois ce phénomène rencontre un regain d’intérêt. En particuliers aux USA où un ouvrage sur ce thème a été publié très récemment. Mais dans le même temps nous dit-elle, des livres de cette facture verraient leurs valeurs diminuer actuellement.
Je vous encourage à lire cette publication et regarder la vidéo qui va avec dans les colonnes de Futura-Sciences, il n’y a rien de morbide. https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/histoire-cabinet-curiosites-livres-peau-humaine-85179/
Vous retrouverez dans la contribution sur le site de Cosmétothèque concernant les liens utiles pour documenter cet article.
Bonne lecture, ou bonne écoute, ou les deux !
Jean Claude LE JOLIFF
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