Les appareils de beauté, ce que certains appellent les Beauty Toys, existent depuis maintenant pas mal de temps. Ils faisaient par exemple l’objet d’interprétation de prospective à la fin du XIXe siècle sous le crayon de certains caricaturistes. On trouve également des traces assez anciennes comme en témoigne le catalogue d’appareils pour soins de beauté de la société Laveur et Niédrée de 1922 que l’on peut consulter à la BIU Santé de Paris.

Longtemps regardé comme des gimmicks où des choses assez anecdotiques, cette beauté instrumentale gagne pourtant régulièrement du terrain. Le Consumer Electronic Show de Las Vegas, connu sous le nom de CES, propose comme chaque année maintenant des avancées dans le domaine de la beauté, même si du côté santé, la COVID monopolise un peu les choses. Voilà un petit aperçu du cru de l’année.
Il y a maintenant un certain temps que la Cosmétothèque suit cette actualité. Plusieurs contributions ont été proposés sur ce thème ces dernières années et nous vous les rappelons au cas où vous ayez envie de relire certaines d’entre elles. La majorité reste totalement d’actualité.
- La mécanique au secours de la peau.
- Cosmétique « futuristique »
- Le maquillage électronique
- https://cosmeticobs.com/fr/articles/produits-38/le-froid-et-son-utilisation-en-beaute-4586
- https://cosmeticobs.com/fr/articles/ingredients-50/les-ingredients-et-la-lumiere-4284
- https://cosmeticobs.com/fr/articles/produits-38/utilisation-moderne-de-la-lumiere-dans-la-beaute-4258
- https://cosmeticobs.com/fr/articles/produits-38/lelectricite-au-service-de-la-beaute-4192
- https://cosmeticobs.com/fr/articles/produits-38/la-mecanique-au-secours-de-la-beaute-4145
- https://cosmeticobs.com/fr/articles/produits-38/beaute-instrumentale-2-la-sollicitation-mecanique-3893
- https://cosmeticobs.com/fr/articles/produits-38/les-beauty-toys-ou-objets-de-beaute-introduction-3871
Les objets de beauté que connaissons actuellement sont en fait apparus dans la décennie 90, et plus spécifiquement au début des années 2000. On compte de nombreuses technologies pouvant supporter ces dispositifs, mais que l’on peut résumer en quelques classes d’effets technologiques :
- Mécanique, que l’on appelle dorénavant la « mécanobiologie »,
- La température, chaud ou froid,
- La lumière,
- Les champs électriques ou magnétiques,
- Les objets connectés.
Les nombreuses propositions d’appareils reprennent très souvent ces principes de fonctionnement, quand il ne les combine pas. Ces appareils sont maintenant très souvent couplés à des smartphones proposant l’enregistrement des données, une interprétation en fonction de différents paramètres comme les paramètres environnementaux, taux d’UV, pollution etc., et bien évidemment des prescriptions. Ils deviennent de vrais coach beauté.
Pour en savoir plus, nous vous conseillons de lire le chapitre s’intitulant « la cosmétique instrumentale » dans le remarquable ouvrage coordonné par Vincent Faivre, « Conception des produits cosmétiques : les formes innovantes » dans la collection de la Cosmetic Valley.
Pendant longtemps, le principe de base de la cosmétique « primum non nocere », qui est de ne pas brusquer la peau. Dorénavant, beaucoup de ces techniques consistent en fait à stresser la peau, certes de façon modérée, pour provoquer une réponse qui se manifestera par une amélioration des conditions cutanées. Le stress sera généré de différentes façons, mais ce stress devra être non invasif, ce qui signifie que la peau reste intacte dans la mesure où l’on respecte son intégrité.
Du point de vue technique et scientifique, certaines de ces techniques ont été soumises à des études pour validation. C’est le cas par exemple de la technique dite Endermologie®. Mais d’une façon générale, ces études ont été menées par les sociétés ayant elle-même développé ces techniques, ce qui conduit à questionner sur la validité des résultats. Mais vous me direz, pas plus que pour les principes actifs que l’on nous propose régulièrement. Les publications indépendantes sont rares.
D’autre part, ces techniques reposant sur l’idée d’appliquer une « énergie » sur la peau en vue d’une réaction, le contrôle du niveau énergétique est une question. En effet, autant il est concevable de contrôler convenablement les procédures dans le cas d’une pratique encadrée en milieu professionnel, autant ceci devient difficile pour un dispositif grand public. La conséquence est que les niveaux énergétiques sont souvent inférieurs, ce qui a comme résultat de minimiser les effets. Ceci étant dit, ce n’est pas pour autant que certaines de ces techniques ne présentent pas des résultats intéressants, assez souvent même concurrents avec des produits cosmétiques classiques, voir même supérieurs.
La question réglementaire est un autre aspect de la question. De nombreuses discussions ont eues lieu pour savoir si ces dispositifs relevaient de la réglementation cosmétique. À date, il existe plusieurs points de vue. On doit tout d’abord considérer que ces dispositifs relèvent de la sécurité́ générale des produits et ils doivent donc satisfaire aux différentes disposions en vigueur. Dans un second temps on devra tenir compte des revendications. Certains experts considèrent que si ces dispositifs sont appliqués sur la peau pour en modifier l’aspect, ils répondent à la définition des produits cosmétiques. Mais la mention : « substance ou mélange » dans la définition du cosmétique fait que certains s’orientent vers l’idée d’autres dispositions réglementaires, en particulier celles décrivant les dispositifs médicaux dits Medical device. Cette question reste à ce jour en débat et doit être validée au cas par cas. Devra-t-on intégrer une mention spécifique dans la réglementation tenant compte de la spécificité́ des dispositifs.
Une récente mise à jour faite par l’Observatoire des cosmétiques propose les dernières avancées dans ce domaine. Nous vous la proposons.
Il s’agit d’un aspect un peu particulier de la cosmétique qui renvoie régulièrement à la question de savoir si le blockbuster de la beauté du futur reste un pot de crème !
Si certains ont la réponse tant mieux, moi je ne l’ai pas, mais je recommande à tous de garder un œil sur ces développements qui, au-delà de l’ingéniosité et de la créativité, constituent un des vrais faits nouveaux de ces deux dernières décennies.
Jean Claude LE JOLIFF
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