Après la gemmologie, intéressons-nous de nouveau à la « gemmologie », ou plutôt à la lithothérapie !! En fait ces deux termes sont identiques mais décrivent des approches très différentes. Ils sont issus d’un terme latin « gemma » qui signifie à la fois bourgeon et pierre précieuse. Dans un cas la gemmologie utilise soit les tissus embryonnaires frais des plantes, arbres et arbustes, c’est-à-dire les bourgeons, les jeunes pousses et les radicelles. Dans l’autre cas, on travaille avec des » gemmes » qui sont des minéraux utiliser à titre ornementaux pour leur beauté et leur rareté. Aujourd’hui c’est cette deuxième approche qui nous intéresse, c’est-à-dire celle à partir de pierres précieuses et/ou de matériaux issus de ces éléments.
Les gemmes.
Les gemmes ou pierres précieuses sont en fait des types de roches. On les trouve couramment dans la croûte terrestre à l’exception du diamant et du péridot qui se forment dans le manteau terrestre. Leur composition est variable en fonction de différents critères, allant du carbone pur a différentes variétés de dérivés de silice. Les différents types incluent plus ou moins d’éléments minéraux de type oligo-éléments, c’est-à-dire en faible concentration. Les gemmes de type pierre fines se sont formées il y a entre trois milliards et plusieurs dizaines de millions d’années, dans les entrailles de la Terre. Le plus ancien objet connu de notre monde est un minuscule fragment de zircon découvert en Australie occidentale et âgé de 4,4 milliards d’années. Les pierres fines se sont formées dans trois types de roches différentes dans le sol terrestre, dans les environnements les plus divers :
- Roches volcaniques,
- Roches métamorphiques,
- Roches sédimentaires.
Le lieu où les pierres fines se trouvent s’appelle un gisement. Lorsque l’extraction commence, le gisement devient une « mine ». La forme la plus courante d’extraction de pierres fines est l’exploitation alluvionnaire. Dans ce procédé, les pierres fines sont extraites de dépôts sédimentaires.
Elles sont souvent décrites à partir de deux catégories : celles dérivant de minéraux et celles dérivant de matériaux organiques. Les matériaux organiques utilisés comme gemme sont les perles, le corail, l’ambre et le jais. Quant aux gemmes minérales, elles comportent elles-mêmes deux familles : le diamant et les pierres de couleur. C’est plus particulièrement de cette dernière catégorie dont nous allons parler.
Traditionnellement, les quatre pierres précieuses sont le Diamant, le Ruby, le Saphir et l’Emeraude. Mais il existe de nombreuses variétés en incluant les pierres semi précieuses ou plus exactement pierres fines. Alors qu’il est plutôt d’usage de classer les gemmes minérales par type de pierre, le classement par la couleur peut également avoir un sens intéressant, particulièrement en termes de composition. C’est ainsi que l’on distingue :
- Les gemmes rouges qui sont assez rares, et dans lesquelles on trouve le Ruby, les Spinelles, les grenats,
- Les gemmes roses qui sont plus courantes et qui sont assez populaire avec la tourmaline et le Spinelle.
- Les gemmes bleues dans le plus classique et le saphir mais également la topaze, l’aigue-marine
- Les gemmes vertes dans la plus traditionnelle et l’émeraude mais également le diopside
- Les gemmes jaune ou doré avec le saphir jaune, la citrine et certaines Agates
- Les gemmes violettes, une famille assez courte dans laquelle on trouve de l’améthyste ou le géode mais encore le Spinelle, la tourmaline ou le saphir
- Les gemmes orange dont la plus célèbre est le grenat spessartite ou un saphir orange
- Gemmes blanches comme le saphir, le diamant, la topaze l’opale.
- Gemme marronne assez peu répandue comme la topaze impériale
- Gemmes grises dont la plus courante est le spinelle
- Gemmes noires avec des variétés de tourmaline
- Gemmes multicolores aux couleurs variées : ammolite, Obsidienne, fluorite, spectrolite etc.
La couleur d’une pierre est produite par la façon dans la pierre absorbe et restitue la lumière. On distingue plusieurs types de pierres en fonction de leur réponse à la lumière :
- Idiochromatique, c’est-à-dire auto colorée signifiant qu’elles absorbent certaines longueurs d’onde de la lumière en raison de la structure chimique. Elles sont très rares et ce ne sont pas celles qui sont les plus utilisées.
- Allochromatique, ce sont des pierres qui sont colorés par les impuretés ou les oligo-éléments dans leur structure cristalline. C’est plutôt dans cette famille que l’on trouvera des éléments intéressants pour les applications cosmétiques.
La couleur perçue ne dépend pas uniquement de l’absorption de la lumière mais de sa réflexion, de sa réfraction, de son interférence ou de son éparpillement au contact d’une texture, d’un arrangement interne ou d’inclusions submicroscopiques à millimétriques.
Utilisation de ces éléments :
L’utilisation traditionnelle de ces éléments réside principalement dans la joaillerie et la confection de bijoux.

Quel peut être l’intérêt de ces éléments autrement que pour la joaillerie ? Comme souvent, les premières utilisations viennent de la médecine humaine. Il y a tout d’abord les traditions. Au travers du temps, presque toutes les cultures pensaient que les pierres pouvaient posséder de la magie en donnant des pouvoirs précieux. L’intérêt pour les pierres se forme dès l’Antiquité. Au Moyen Âge naitra la lapidotherapie, ce que l’on nomme depuis la lithothérapie. Issu de la contraction de « lithos » pour pierre et « therapeia » pour guérison, cette approche repose sur l’idée de traiter les problèmes de santé en utilisant les propriétés des pierres. De très nombreuses traces d’utilisation de pierre sous différentes formes ont été identifiées et aussi bien dans l’Égypte ancienne que dans la médecine traditionnelle chinoise en passant par toute une série de civilisations disparues ce jour. Ils se prenaient en élixir, en poudre ou bien on les portait. Les peuples préhistoriques imaginaient que les minéraux pouvaient augmenter leurs forces et leur fertilité tout en luttant contre les mauvais esprits.
En 1644, Anselme Boèce publie un ouvrage s’intitulant « le bijoutier parfait ou l’histoire des pierres » où il décrit entre autres les propriétés curatives des pierres. En 1748 l’encyclopédie des drogues de Monsieur Lemery parle des vertus des pierres. En 1869 Monsieur Guibourt, Professeur à l’école supérieure de pharmacie de Paris, publie « l’histoire des médicaments simples » dont le premier volume est consacré aux minéraux.
Crédit : BIU Santé
La lithothérapie devient une branche officielle de l’homéopathie en France en 1965. La lithothérapie est une approche holistique de la santé considérant la personne dans son ensemble. Elle prône l’énergie des pierres et le pouvoir d’apporter équilibre et harmonie à l’organisme. Elle utilise l’énergie des pierres pour maintenir l’équilibre entre mental, corps et esprit selon cette science, les pierres sont des représentants des énergies cosmiques et tellurique. Considéré par certains comme une pseudo science, ces pratiques très anciennes vont perdurer et continuer d’être largement utilisé dans le cadre de la recherche du bien-être et de l’équilibre.
Crédit : Wikipedia
Les principes de la lithothérapie seraient :
- La chromothérapie(ou chromathérapie), qui est la thérapie par les couleurs. Exemple : Le rouge serait entre autres un stimulant et un fortifiant ;
- L’oligothérapieest une façon de se soigner par les oligo-éléments et les minéraux en quantité infinitésimale. Exemple : l’olivine composé de silicates de fer et de magnésium.
- Un critère « énergétique », plus ou moins imprévisible en fonction de l’utilisateur et de la pierre.
- Certaines pierres auraient enfin un effet magnétique qui pourrait aider certaines personnes.
Oligoéléments et Cosmétique.
Au-delà des utilisations faites en institut et dans les Spas, ce sont les propriétés d’oligothérapie qui ont principalement conduit à l’utilisation d’extraits de pierres précieuses dans le monde de la cosmétique. En effet, la relation entre plusieurs mécanismes biochimiques impliqué dans la physiologie cutanée et les oligo-éléments est parfaitement connue, que ce soit comme élément complémentaire dans des réactions enzymatiques ou pour initier certains processus fondamentaux. L’utilisation des oligo-éléments est d’ailleurs une pratique communément répondu dans l’industrie cosmétique tout comme l’idée qui consiste à utiliser des sources spécifiques pour ces oligo-éléments. La notion d’oligoéléments est la même dans le domaine de la cosmétique que dans celui de la biologie humaine. La peau est le siège de nombreuses réactions biochimiques dans lesquelles les oligoéléments sont concernés à différents titres. L’idée d’utiliser des substances minérales comme cofacteurs de certaines de ces manifestations est juste logique et a autant de pertinence que d’autres approches.
Certains oligo-éléments jouent un rôle biologique reconnu sur la peau. Ce sont : le cuivre, le manganèse, le sélénium, le silicium et le zinc. Nécessaires à l’intégrité et l’élasticité de la peau, ils peuvent aussi intervenir dans des processus de vieillissement ou pathologiques comme l’inflammation. Les oligo-éléments par leur rôle sur les systèmes de défense contre ces processus (en particulier le sélénium, le cuivre et le zinc) sont des acteurs importants de la santé de notre peau. Le sélénium joue un rôle dans les processus antioxydants. La glutathion-peroxydase, une enzyme à sélénium, permet de limiter les effets néfastes d’un stress oxydant lié à un excès de radicaux libres. Le cuivre est également à plusieurs titres un oligo-élément important pour la peau. Il intervient à la fois sur son intégrité, en particulier celle du collagène et sur les systèmes de protection (SOD ou superoxyde-dismutase). De plus, il joue un rôle actif sur la tyrosinase qui permet la synthèse de précurseurs de la mélanine dont le rôle photo protecteur est essentiel. Le manganèse quant à lui intervient comme acteur essentiel de l’intégrité du collagène et des systèmes de protection. Le silicium est également concerné dans la maturation des trousseaux de collagène natif. Le zinc est utilisé traditionnellement pour ses vertus cicatrisantes. Son implication dans la synthèse des protéines, notamment du collagène, est indispensable au maintien de l’intégrité cutanée. De plus, il est reconnu comme ayant une activité dans le traitement des dysfonctionnement inflammatoires de la glande sébacée. De nombreux travaux soulignent son rôle essentiel dans la modulation de l’inflammation, en particulier au niveau cutané, et son potentiel dans les processus de cicatrisation.
Cette pratique a donné un nouveau positionnement que l’on décrit comme la Lithocosmétique.
Quelques gammes de produits ont été développées sur ce thème. Sans vouloir, ni pouvoir toutes les citer, on peut toutefois noter une gamme assez éphémère mais illustrant parfaitement ce positionnement. Proposer comme cela peut paraître logique par une marque de joaillerie, Bulgari, cette gamme a proposé une série de produits autour du thème des pierres précieuses. Nous sommes au début des années 2000.
Crédit : Cosmétothèque
Plus près de nous, ce concept est ce positionnement a été repris par une marque s’intitulant Gemology. Développée par Chrystelle Lannoy via l’expertise de Jean-Claude Bozou, qui nous avait déjà habitué à des contributions intéressantes dans le monde de la cosmétique (Fondateur du Laboratoire Bomann, fournisseur d’ingrédients cosmétiques jusqu’en 2008), elle propose des spécialités cosmétiques en accord avec ce positionnement.
Il existe par ailleurs de nombreuses spécialités cosmétiques reprenant ce thème.
Ces spécialités cosmétiques ne peuvent être réalisées que parce que des ingrédients spécifiques sont disponibles sur le marché. Parmi les premières sociétés qui ont été tenté par ce positionnement, on retrouve les Laboratoires BOMANN dont la gamme est maintenant au catalogue de Givaudan par suite du rachat successif du Laboratoire.
De la même façon, la société Gattefossé propose depuis de nombreuses années une gamme d’extraits de pierres précieuses sous forme de solution liquides obtenues par digestion de ces minéraux: Olivine, Hematite, Rhodolite, Malakite, Zincite.
Voila donc une façon de rendre sa peau lumineuse et brillante.
Merci à ceux qui m’ont aidé à la préparation de cette contribution, et en particuliers les sociétés Givaudan et Gattefossé ainsi que Jean Claude Bozou.
Jean Claude LE JOLIFF
Pour en savoir plus :
- « Base de données de gemmologie ». s. d. https://www.gemmo.eu/fr/cause-ou-origine-de-la-couleur-dans-les-pierres-gemmes.php.
- « Guide des Pierres ». s. d. https://www.ordumonde.com/guides-gemmologie/guide-des-pierres-17.
- « Le JAIS ». s. d. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jais.
- « LE VOYAGE D’UNE PIERRE GEMME ». s. d. https://www.juwelo.fr/guide-des-pierres/histoires-des-pierres/.
- « Oligoéléments ». s. d. https://fr.wikipedia.org/wiki/Oligo-élément.
- S. d. http://bouddhisme-universite.org/litotherapie/.
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