Les accessoires de beauté ont toujours occupé une place un peu particulière dans les routines de beauté. Et leur intérêt continu, voir même se développe en particulier dans le cadre d’une cosmétique de plus en plus souvent accessoirisée. Dans certains cas, ces accessoires constituent même la partie fonctionnelle des produits. Aujourd’hui, le microneedling et le dermaroller.
Le microneedling et le dermaroller.
Ces techniques dérivent conjointement de la mise au point de la mésothérapie et du développement de dispositifs dans ce champ d’application. La Mésothérapie est une technique médicale qui fut mise au point en 1952, par le Docteur Michel Pistor (1924-2003). Elle est basée sur l’administration répétée de doses faibles de médicaments allopathiques (tous les médicaments utilisés en médecine générale, à l’exception des corticoïdes) ou homéopathiques, sur ou dans la peau, là où le trouble et/ou la douleur sont ressentis. Déjà, en 3600 av. J.-C., on trouve des écrits relatant l’utilisation de baumes et de liniments appliqués par la technique de la multi-puncture, en Chine et en Inde notamment, mais aussi en Égypte. Les acupuncteurs connaissent bien la « technique de la Fleur du Prunier », petit instrument qui au bout d’un manche métallique se termine par une tête ronde d’où émergent six à huit pointes, et qui est utilisé pour soulager des zones congestives et douloureuses (en les tapotant rapidement).
En 1961, le Dr Michel PISTOR (2), médecin généraliste à Paris, écrit un ouvrage sur la mésothérapie chez l’homme.
Un peu de sérendipité : Le Docteur Michel Pistor travaillait en qualité de médecin généraliste dans un village au nord de la France. Il avait parmi ses patients, le cordonnier du village qui le consultait pour son asthme et qui était en même temps mal entendant. A cette époque (1952), le traitement de la crise d’asthme consistait en une injection intraveineuse de procaïne. Pendant ce traitement, le cordonnier signala à son médecin que, si son asthme était à peine amélioré par les injections, par contre son audition s’était nettement améliorée, puisqu’il entendait tinter l’horloge, ce qui lui était impossible avant. Le Docteur Pistor se mit alors à pratiquer, tout autour des oreilles de ce patient, des injections intradermiques et sous-cutanées de procaïne et, en quelques séances, ce patient guérit de sa surdité. Comme il fallait s’y attendre, tous les malentendants des villages environnants se rendirent à la consultation du Docteur Michel Pistor, dans l’espoir de guérir de leurs surdités. Mais ce fût d’échecs en échecs. Le cordonnier avait une surdité d’origine vasculaire et sa guérison est due à l’effet vasodilatateur de la procaïne, ce qui n’était pas le cas des autres malades. Cependant ceux-ci signalèrent des améliorations du mal de tête ou des diminutions des accès de migraine, et c’est ainsi qu’est née la mésothérapie acquérant peu à peu ses lettres de noblesse.
Quand au micro-needling, la première utilisation enregistrée de micro-aiguilletage dans le monde occidental semble remonter à 1905 en Allemagne. Ernst Kromayer, un dermatologue réputé, a commencé à expérimenter des fraises dentaires de différentes tailles montées sur un équipement à cordon flexible motorisé pour traiter des cicatrices, des taches de naissance et l’hyperpigmentation. Dans les années 20, les vétérinaires commencent également à pratiquer cette méthode avec succès, au début sur les chevaux, et ensuite sur tous les animaux.
Dans les années 50, le travail de Kromayer a été redécouvert par Abner Kurtin, dermatologue à New York. Il a modifié la technique en utilisant des brosses métalliques en acier inoxydable au lieu de fraises dentaires. L’expérimentation a été relancée par le travail de pionnier sur le vieillissement mené par Alexis Carrell, scientifique français et lauréat du prix Nobel de la paix. En 1995, deux des protégés de Carrell à New York ont décrit une nouvelle technique de traitement des cicatrices et des rides à l’aide d’une aiguille hypodermique. Dès les années 80, les études du chirurgien canadien Dr. Camirand pour améliorer les cicatrices chirurgicales après les liftings seront l’élément initiateur. Il utilisait pour ce faire une simple machine à tatouer. En 1999, un scientifique allemand, Horst Liebl développe alors le Dermaroller, petit rouleau en plastique intégrant 200 micro-aiguilles. Une évaluation du Dr Schwarz M. (chirurgien esthétique) et Laaff H. (scientifique) en 2006 démontre que le micro-needling provoque une augmentation notable des fibres de collagènes dans la zone de peau traitée : l’épaisseur de la peau augmente. Une publication confirmera ces résultats. Le principe de cette technique repose sur l’idée de pratiquer de micro perforation de l’épiderme de façon à augmenter la pénétration des produits déposés à la surface de la peau. Petit à petit cette technologie sera documentée et décrite comme étant une approche efficace vis à vis de l’anti-âge. Les microponctions occasionnent, entre autre, une augmentation de la production de collagène de la peau. Ce mécanisme d’action s’appelle la « Thérapie Percutanée d’induction du collagène » (PCI) ou « Thérapie d’induction du collagène » (CIT). C’est sur cette approche que le dispositif s’intitulant Dermaroller sera progressivement développé.
L’industrie cosmétique finira par s’intéresser à ces techniques, en particulier avec le développement de la « Médiesthétique », en particulier quand l’industrie cosmétique commencera à décliner des techniques pratiquées au cabinet dans le cadre de procédures anti-âge. Le principe consiste à utiliser des dispositifs moins invasifs mais permettant une déstructuration du stratum cornéum de façon à faciliter l’absorption des principes actifs.
Du point de vue réglementaire, les avis sont partagés à ce jour, certains considérant qu’il s’agit d’un dispositif destiné à être appliqué sur la peau en vue d’en modifier l’aspect, ce qui le fait rentrer dans le cadre réglementaire, dès lors que la sécurité d’usage est assurée. D’autres considérent qu’il s’agit d’un traitement invasif qui devrait être encadré par d’autres dispositions réglementaires. Laissons les experts disserter, mais il n’en reste pas moins que ce dispositif existe maintenant depuis plusieurs années, et est régulièrement proposé dans le cadre de routines de beauté, principalement dans le cadre du e-commerce.
Parmi les premières sociétés ayant proposé ce dispositif figure la société Filorga. Pionnière dans le domaine de l’innovation, cette société va proposer en 2010 l’association d’un Dermaroller et d’un sérum. La première version s’intéressera au visage. Il s’agit du Mesotherapist qui sera présenté sous la forme d’un Roller accompagné d’une solution polyvitalisante préparée à partir de la spécialité de cette société,le NCTF. Cette solution NCTF avait déjà démontré son efficacité dans des traitements de mésothérapie. Le roller a été conçu spécialement pour ne pas être invasif et permettre une utilisation en toute sécurité.
La deuxième version présentée quelques temps après (2012), avec un dispositif d’application modifié sous la forme d’un double rouleaux, s’adressera aux produits amincissants. De la même façon que pour le visage, le roller été conçu pour permettre une sécurité totale de façon à ne pas être invasif. Le rouleau était accompagné d’une préparation spécifique, composé à base de SVELTAM, développé par la société Libragen, rachetée depuis par Induchem puis Givaudan, a laquelle était associée la solution polyvitalisante de la société FILORGA, le NCTF.
Depuis, de nombreuses spécialités utilisant le Dermaroller ont été proposées par de multiples marques. L’appareil est proposé soit comme « device » seul, soit en association avec des produits pour dynamiser leur efficacité. Le domaines d’applications sont multiples, allant de produits visages (antiâge, cicatrices) a des produits corps (cellulite, vergetures), en passant par des applications capillaires. C’est actuellement principalement un outil d’institut car les versions courantes nécessitent une certaine expertise d’utilisation. Certains conseille ce dispositif en combinaison avec des produits type DIY (fait soi-même), ce que nous ne pouvons que déconseiller. En effet, la maitrise de l’ustensile et son utilisation avec des produits suppose des études d’adaptation dont il est déraisonnable de penser que l’on pourrait les faire soi-même.
Jean Claude LE JOLIFF
Pour en savoir plus.« Bibliographie Beauté instrumentale 2
Sur le même thème :
Laisser un commentaire